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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 15:53

On était très disposé à croire au bon pape. Un sourire avenant, des mots bonhommes, des gestes parlants et simples. Peu de goût pour l’or et beaucoup d’amour pour les pauvres. Presque de quoi lui pardonner à l’Argentin de n’avoir pas été très résistant contre ses compatriotes colonels au service de l’oligarchie financière.

 

On l’attendait quand même au tournant du message pascal trouvant que, jusqu’alors, s’il avait placé beaucoup le mot pauvre et le mot paix dans ses prêches, il n’avait rien dit d’un peu concret sur ces deux-sujets-là.

 

Que nous dit-il donc le bon pape pour Pâques ? Qu’il faut un meilleur partage des richesses. C’est bien mais c’est un peu convenu et un peu court. On aurait aimé qu’il entre un peu dans le lard du capitalisme international et particulièrement occidental. Ca sera peut-être pour une prochaine fois : l’espérance fait vivre !

 

Pour la paix en Palestine, Syrie, Irak, on est dans les vœux très pieux mais pas engagés du tout. Rien pour dénoncer la responsabilité des US envahisseurs de l’Irak, la volonté franco-anglaise d’armer la rebellion syrienne, le zèle provocateur des colons israéliens…

 

Mais c’est sur le Mali (et accessoirement le Nigéria) que la voix papale détonne au lieu de tonner juste. Alors que l’armée française se livre dans ce pays au «massacre tranquille » qu’on a dénoncé des combattants rebelles emprisonnés dans le massif des  Ifoghas, le pape n’en souffle mot et ne trouve rien de mieux qu’à appeler à l’unité du territoire. Ne voit-il pas que c’est ainsi appeler à la guerre à outrance au lieu d’aider à la mise en place urgente d’une réelle force d’interposition ? Pas un mot de compassion pour ces Touaregs tués ou livrés aux exactions de l’armée malienne. Le seul mot utilisé pour désigner les combattants de l’autre bord est celui de « terroriste », certes appliqué à des Nigérians, mais dont on comprend qu’il vise comme une arme leurs frères, ceux que le François de chez nous veut « détruire » au Mali.

 

Le moins qu’on puisse dire est que des messages pascals de ce type n’appellent pas à une paix juste en Afrique ni ne mettent puissamment les hommes sur le chemin de la concorde et du pardon !

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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 08:03

 

On avait pu croire en considérant les déclarations de Hollande d'avant janvier que l'attaque française contre les rebelles maliens serait étroitement circonscrite dans l'espace et dans le temps, qu'elle n'aurait pour but que de rétablir l'équilibre dans les négiociations menées au Burkina Faso, équilibre rompu dangereusement par la prise de Konna : reprise de Konna sans doute avec envoi de troupes héliportées, force d'interposition massée à la délimitation Nord-Sud, militaires africains remplaçant très tôt les français...

 

Mais dés le début de l'offensive Serval, le ton adopté par Fabius et Hollande était rien moins qu'inquiétant. Les rebelles maliens islamistes étaient tous assimilés à des bandits, des meurtriers, des terroristes qu'il fallait "détruire". Aucun but clairement défini à l'opération, aucune limite fixée dans le temps comme dans l'espace. Une volonté meurtrière mise en avant à mots à peine couverts, sans souci des conséquences.

 

170 frappes aériennes, tel était le décompte début janvier. Quand on sait la puissance et l'effet ravageur des bombes utilisées, dont certaines à l'uranium appauvri, quand on sait que chaque frappe représente un largage de plusieurs bombes, on frémit en supputant le nombre des victimes des bombardements français. Ce n'est pas plusieurs centaines comme le clamaient Fabius et Le Drian -ce qui est déjà beaucoup trop- c'est probablement plusieurs milliers.

 

Les opérations terrestres qui se poursuivent apparaissent encore plus marquées par la volonté de tuer, sinon d'exterminer. Les troupes françaises et et leurs supplétifs tchadiens s'enfoncent dans le massif des Ifoghas où les islamistes sont emprisonnés comme dans un ghetto car les Algériens, de l'autre côté de la frontière, les empêchent de fuir. On parle chaque jour de dizaines de rebelles "abattus" comme s'il s'agissait de gibier.

 

L'assassinat des chefs qui va de pair avec l'extermination de leur garde proche révèle la volonté de refuser toute négociation. Bien sûr, le meurtre accompli, la vague peur de représailles encore possibles empêche qu'on le reconnaisse. On en abandonne de toute façon la responsabilité aux supplétifs tchadiens qui le revendiquent comme on laisse à l'armée malienne du sud la responsabilité de la répression à Konna , Gao ou Tombouctou... Pourtant les internements arbitraires, les tortures, les exécutions qui ont lieu en ce moment au Mali selon les observateurs indépendants sont la conséquence directe de l'intervention française.

 

Devant le pire massacre auquel l'armée française s'est jamais livrée depuis la guerre d'Algérie, aucune conscience ne semble frémir. Les Etats-Unis approuvent et soutiennent comme les pays d'Europe. La Russie et la Chine ne disent mot. Les pays arabes les plus proches des rebelles comme la Lybie n'osent rien dire. En France, dans ce pays qui fut naguère à la pointe pour dénoncer les sales guerres, les expéditions néocolonialistes, les moindres atteintes aux droits de l'homme et où des voix s'élèvent chaque jour pour hurler contre le syrien Assad moins meurtrier pourtant que Hollande, c'est le silence radio ou presque.

 

Devant ce massacre commencé, perpétré avec bonne conscience, dont on ne sait quand il va finir, se peut-il qu'aucune voix ne s'élève pour réclamer simplement mais fermement : "halte au feu !"

 

 

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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 08:02

 

On avait pu croire en considérant les déclarations de Hollande d'avant janvier que l'attaque française contre les rebelles maliens serait étroitement circonscrite dans l'espace et dans le temps, qu'elle n'aurait pour but que de rétablir l'équilibre dans les négiociations menées au Burkina Faso, équilibre rompu dangereusement par la prise de Konna : reprise de Konna sans doute avec envoi de troupes héliportées, force d'interposition massée à la délimitation Nord-Sud, militaires africains remplaçant très tôt les français...

 

Mais dés le début de l'offensive Serval, le ton adopté par Fabius et Hollande était rien moins qu'inquiétant. Les rebelles maliens islamistes étaient tous assimilés à des bandits, des meurtriers, des terroristes qu'il fallait "détruire". Aucun but clairement défini à l'opération, aucune limite fixée dans le temps comme dans l'espace. Une volonté meurtrière mise en avant à mots à peine couverts, sans souci des conséquences.

 

170 frappes aériennes, tel était le décompte début janvier. Quand on sait la puissance et l'effet ravageur des bombes utilisées, dont certaines à l'uranium appauvri, quand on sait que chaque frappe représente un largage de plusieurs bombes, on frémit en supputant le nombre des victimes des bombardements français. Ce n'est pas plusieurs centaines comme le clamaient Fabius et Le Drian -ce qui est déjà beaucoup trop- c'est probablement plusieurs milliers.

 

Les opérations terrestres qui se poursuivent apparaissent encore plus marquées par la volonté de tuer, sinon d'exterminer. Les troupes françaises et et leurs supplétifs tchadiens s'enfoncent dans le massif des Ifoghas où les islamistes sont emprisonnés comme dans un ghetto car les Algériens, de l'autre côté de la frontière, les empêchent de fuir. On parle chaque jour de dizaines de rebelles "abattus" comme s'il s'agissait de gibier.

 

L'assassinat des chefs qui va de pair avec l'extermination de leur garde proche révèle la volonté de refuser toute négociation. Bien sûr, le meurtre accompli, la vague peur de représailles encore possibles empêche qu'on le reconnaisse. On en abandonne de toute façon la responsabilité aux supplétifs tchadiens qui le revendiquent comme on laisse à l'armée malienne du sud la responsabilité de la répression à Konna , Gao ou Tombouctou... Pourtant les internements arbitraires, les tortures, les exécutions qui ont lieu en ce moment au Mali selon les observateurs indépendants sont la conséquence directe de l'intervention française.

 

Devant le pire massacre  auquel l'armée française s'est jamais livrée depuis la guerre d'Algérie, aucune conscience ne semble frémir. Les Etats-Unis approuvent et soutiennent comme les pays d'Europe. La Russie et la Chine ne disent mot. Les pays arabes les plus proches des rebelles comme la Lybie n'osent rien dire. En France, dans ce pays qui fut naguère à la pointe pour dénoncer les sales guerres, les expéditions néocolonialistes, les moindres atteintes aux droits de l'homme et où des voix s'élèvent chaque jour pour hurler contre le syrien Assad moins meurtrier pourtant que Hollande, c'est le silence radio ou presque.

 

Devant ce massacre commencé, perpétré avec bonne conscience, dont on ne sait quand il va finir, se peut-il qu'aucune voix ne s'élève pour réclamer simplement mais fermement : "halte au feu !"

 

 

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 13:53

Laissons aux Etats-Unis, envahisseurs de l'Afghanistan et de l'Irak, poussant leurs bombardiers jusqu'au Yemen et au Pakistan la médaille d'or. Mais la France de Hollande en attaquant à elle seule le flanc ouest du monde arabo-musulman au Mali prend bien la deuxième place dans la lutte que les occidentaux semblent vouloir mener contre l'islam en lui donnant de plus en plus des allures de croisade.

 

Si l'on essaie de se dégager de la propagande en France des medias tous pro-guerre, on se rend compte facilement que l'actuelle attaque menée par la France au Mali n'est rien moins qu' un crime politique.

 

1-Un sabordage de pourparlers

 

Comme Villepin l'a rappellé dans un article très critique envers l'intervention, des négociations entre le gouvernement malien, le MNLA et Ansar Dine existaient bien au Burkina-Faso. Certes la prise de Konna par les rebelles avait mis ces négociations dans une passe difficile. Mais des négociations politiques qui portent sur l'avenir de tout un pays en état de guerre civile ne peuvent que connaître des moments de blocage. Si la prise de pouvoir sur l'ensemble du pays par les combattants du Nord pouvait devenir une perspective plausible, si une action venue de l'extérieur pouvait se comprendre en vue d'empêcher la situation de dégénérer, cette action ne devait pas être celle d'une guerre ouverte mais, par exemple, l'envoi de renforts à Bamako pour dissuader les rebelles de progresser et pour figer les lignes de front, condition qui donnait seule une chance à de futures avancées des négociations.

 

2-Un raid haineux, aveugle et ravageur.

 

Au lieu de cela, après la prise de Konna, on a eu un véritable tocsin sonné par les autorités françaises. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s'est répandu en insultes contre les combattants du Nord les traitant de bandits, de meurtriers, de terroristes. Hollande a parlé de destruction confondant dans un même appel à l'anéantissement hommes et matériel de guerre. Les Rafale ont décollé chargés de bombes. De Kona à Kidal n'ont pas cessé pendant trois semaines les pilonnages destructeurs et meurtriers. La moindre camionnette en mouvement devenait un objectif à pulvériser. "Nous en avons tué plusieurs centaines" ont clamé Fabius et Le Drian parlant indifféremment de tous les combattants du Nord comme de terroristes et les ravalant au rang d'animaux nuisibles à détruire. Cette volonté meurtrière jointe aux effets ravageurs de bombes dans des lieux plats et désertiques qui n'offrent aucun abri peuvent faire craindre un bilan qui dépassera sans doute le millier de tués. Combien de blessés et sans doute atrocement et sans doute très mal soignés sinon pas du tout faut-il rajouter à ce bilan ? Et quelle façon d'unir dans le sang comme on a confondu dans le mépris des combattants dont le Monde Diplomatique soulignait l'hétérogénéité !

 

"un spectre adverse multifracturé entre anciens et nouveaux combattants réguliers, trafiquants opportunistes, déserteurs de l'armée malienne, néodjihadistes radicalisés par le wahhabisme du Golfe et indépendantistes laïques"

 

3-Une ruine des espoirs du peuple touareg.
Ces indépendantistes sont essentiellement des Kountas, des Maures et des Touaregs, ceux que les Noirs du sud appellent les "peaux pâles" et qui sont les premiers habitants de ces deux tiers Nord du Mali au-desus du Niger : l'Azawad. Ce n'est pas depuis hier mais pratiquement depuis la décolonisation de 1960 qu'ils se battent pour l'indépendance de ce qui est bel et bien leur territoire. Sous nombre des précédents gouvernements de Bamako, les quelque un million cinq cent mille "peaux pâles" ont fait l'objet de véritables persécutions. Et le MNLA, mouvement National pour la Libération de l'Azawad, en liaison sans doute avec des groupes frères du Niger, d'Algérie et de Mauritanie se bat pour que le peuple touareg acquiert en plus d'une autonomie un véritable territoire indépendant. Certes toute guerre d'indépendance ne va pas sans excès. L'idéologie islamique radicale s'est emparée plus ou moins fortement des Touaregs d'Ansar Dine et elle était déjà celle de leurs alliés d'AQMI ou du MUJAO. Mais s'il existe de fortes nuances entre le radicalisme des uns et des autres, si les objectifs d'AQMI divergent dans le lointain avec ceux d'AansarDine, les bombes françaises ignorent autant celles-ci que ceux-là. Et les débris et les cadavres surtout semés dans le désert de l'Azawad contribuent à ruiner l'espoir de tout un peuple.
4-Une semence de haine raciale au Mali.
Les politiciens ont parfois l'art de faire de beaux discours avec des monstruosités atroces. La comparaison de Hollande assimilant le raid meurtrier des troupes françaises au Nord Mali avec l'aide qu'ont apportée les soldats maliens aux troupes de la France libre pour libérer le pays de l'envahisseur nazi est une de ces atrocités-là. Dans les FFL de Leclerc ou De Lattre, il y avait bien sûr des noirs du sud Mali mais aussi des Touaregs du nord. Or le parallélisme dressé par Hollande fait au moins envisager que les Touaregs d'aujourd'hui soient semblables aux nazis d'hier. Dans un pays où les couleurs de peau sont aussi contrastées que les conflits idéologiques sont puissants, qui ne voit à quelles dérives le parallèle conduit ?Amnesty vient de dénoncer dans son dernier rapport les abus qu'on avait déjà signalés : des hommes soupçonnés à cause de leurs vêtements et de leur visage d'être des djihadistes, molestés parfois, exécutés même. Les "peaux pâles" persécutés depuis plus de cinquante ans dans le Mali ne vont-ils pas voir leur situation devenir invivable même "protégés" par les soldats de Bamako ou les quatre mille tchadiens noirs débarqués en renfort ?
5-Des dommages graves à craindre pour les pays musulmans limitrophes.
Que des familles touareg en nombre fuient vers le Niger ou la Mauritanie pour trouver un asile dans les camps de réfugiés, que les combattants cherchent à gagner ces pays comme à trouver un refuge en Algérie ou en Lybie, ceci est la conséquence inéluctable de ce qui précède. Et cela ne peut qu'entraîner de lourdes charges, voire des menaces de déstabilisation sur tous les pays musulmans voisins. Un article du HuffingtonPost du 31 janvier pose nettement la question : "la guerre du Mali va-t-elle déstabiliser tout le Sahel ? "
Au Niger, Matthieu Pellerin gérant du CISCA (Centre d'intelligence Stratégique sur le Continent Africain) parle des ex-rebelles Touareg "très attentifs à l'évolution de la situation au Mali et qui voient d'un mauvais oeil la remontée de l'armée malienne et le déploiement de la Cédéao". Et il explique qu'il existe "des continuités familiales, tribales et idéologiques entre le Nord du Mali et le sud du Niger".
En Mauritanie le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz apparaît peu fragile mais les mises en garde de l'opposition comme des islamistes réunis au sein du parti Tawassoul pourraient être plus pressantes. Il faut aussi penser qu'une des "katibas" (groupe de combattants) d'AQMI compte de nombreux mauritaniens.
La Lybie est doublement sensible à l'évolution de la situation au Mali. D'une part parce que Khadafi avait fait appel pour sa défense à un régiment de Touaregs qui sont retournés au Mali après sa chute. D'autre part parce que des combattants d'AQMI au Mali sont venus aider les rebelle lybiens. Maintenant qu'un pouvoir à large composante islamiste s'est installé à Tripoli, que ceux qui ont combattu pour l'avénement de ce pouvoir ont souvent été les frères d'armes des islamistes du Nord Mali, la Lybie qui condamne l'intervention même si elle a des dirigeants redevables à la guerre de Sarkozy ne peut qu'évoluer vers une hostilité de plus en plus affirmée contre la guerre de Hollande.
C'est aussi certainement le cas de l'Algérie qui a été la première victime indirecte de l'intervention française avec la prise d'otages de Tiguentourine. Elle pourrait très bien envoyer à Hollande la facture pour le bain de sang forcé à la fin d'une confrontation avec l'activisme islamique qu'elle semblait ne plus devoir connaître. Jusqu'alors l'Algérie a toujours prôné la voie de la négociation politique et de la diplomatie pour le règlement de la crise malienne.
L'idée qu'elle eût pu soutenir au départ l'intervention française au point de laisser survoler son sol par les Rafale pourrait être due à une manoeuvre machiavélique de Fabius comme l'explique Jeune Afriquele 21 janvier. Selon la revue, les quatre avions Rafale qui ont bombardé les alentours de Gao le 13 janvier 2013 sont en fait passés par le Maroc et non par l'Algérie. Et la déclaration de Fabius le même jour que ces avions auraient survolé l'Algérie avec l'aval des autorités algériennes serait donc un pur mensonge. Placé par Fabius dans une position des plus embarrassantes, le gouvernement algérien n'a pas pu ou pas osé démentir et s'est trouvé malgré lui engagé dans le soutien à une guerre qui ne peut que lui nuire et qui est condamnée par toute son opposition.
6-Une union sacrée contre la France ?
Il est vrai qu'il n'y a pas encore dans l'ensemble des pays africains du Nord et dans l'ensemble des pays musulmans moyen-orientaux une hostilité affichée contre la France. Mais tout se passe comme si ce qui est bien une attaque violente contre le peuple Touareg avait suscité un effet de crainte diffuse et un besoin pour les pays liés à l'Islam de resserrer les rangs. C'est du moins ainsi que j'interprète deux signes. Le premier est le report de la visite que Morsi devait faire à Hollande et la façon dont il a accueilli en l'embrassant Ahmadinejad au Caire à sa descente d'avion. Le second est la volonté très nouvelle de la part de l'opposition syrienne, jusque là très liée à la France, de rechercher un accord avec des représentants d'Assad. Le déchirement entre les sunites et les chiites qui ruine tous les efforts d'unité du monde arabo-musulman serait-il mis un temps entre parenthèses ? Cette nouvelle attaque lancée sur un pays musulman par les occidentaux après l'Afghanistan, l'Irak, le Pakistan, le Yemen, la Lybie serait-elle la goutte qui fait déborder le vase ? Le même proverbe à l'usage des Anglais évoque :"la paille de trop qui fait s'écrouler le chameau". Celui de Hollande en l'occurrence.
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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 13:48
Laissons aux Etats-Unis, envahisseurs de l'Afghanistan et de l'Irak, poussant leurs bombardiers jusqu'au Yemen et au Pakistan la médaille d'or. Mais la France de Hollande en attaquant à elle seule le flanc ouest du monde arabo-musulman au Mali prend bien la deuxième place dans la lutte que les occidentaux semblent vouloir mener contre l'islam en lui donnant de plus en plus des allures de croisade.
Si l'on essaie de se dégager de la propagande en France des medias tous pro-guerre, on se rend compte facilement que l'actuelle attaque menée par la France au Mali n'est rien moins qu' un crime politique.
1-Un sabordage de pourparlers
Comme Villepin l'a rappellé dans un article très critique envers l'intervention, des négociations entre le gouvernement malien, le MNLA et Ansar Dine existaient bien au Burkina-Faso. Certes la prise de Konna par les rebelles avait mis ces négociations dans une passe difficile. Mais des négociations politiques qui portent sur l'avenir de tout un pays en état de guerre civile ne peuvent que connaître des moments de blocage. Si la prise de pouvoir sur l'ensemble du pays par les combattants du Nord pouvait devenir une perspective plausible, si une action venue de l'extérieur pouvait se comprendre en vue d'empêcher la situation de dégénérer, cette action ne devait pas être celle d'une guerre ouverte mais, par exemple, l'envoi de renforts à Bamako pour dissuader les rebelles de progresser et pour figer les lignes de front, condition qui donnait seule une chance à de futures avancées des négociations.
2-Un raid haineux, aveugle et ravageur.
Au lieu de cela, après la prise de Konna, on a eu un véritable tocsin sonné par les autorités françaises. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s'est répandu en insultes contre les combattants du Nord les traitant de bandits, de meurtriers, de terroristes. Hollande a parlé de destruction confondant dans un même appel à l'anéantissement hommes et matériel de guerre. Les Rafale ont décollé chargés de bombes. De Kona à Kidal n'ont pas cessé pendant trois semaines les pilonnages destructeurs et meurtriers. La moindre camionnette en mouvement devenait un objectif à pulvériser. "Nous en avons tué plusieurs centaines" ont clamé Fabius et Le Drian parlant indifféremment de tous les combattants du Nord comme de terroristes et les ravalant au rang d'animaux nuisibles à détruire. Cette volonté meurtrière jointe aux effets ravageurs de bombes dans des lieux plats et désertiques qui n'offrent aucun abri peuvent faire craindre un bilan qui dépassera sans doute le millier de tués. Combien de blessés et sans doute atrocement et sans doute très mal soignés sinon pas du tout faut-il rajouter à ce bilan ? Et quelle façon d'unir dans le sang comme on a confondu dans le mépris des combattants dont le Monde Diplomatique soulignait l'hétérogénéité !
"un spectre adverse multifracturé entre anciens et nouveaux combattants réguliers, trafiquants opportunistes, déserteurs de l'armée malienne, néodjihadistes radicalisés par le wahhabisme du Golfe et indépendantistes laïques"
3-Une ruine des espoirs du peuple touareg.
Ces indépendantistes sont essentiellement des Kountas, des Maures et des Touaregs, ceux que les Noirs du sud appellent les "peaux pâles" et qui sont les premiers habitants de ces deux tiers Nord du Mali au-desus du Niger : l'Azawad. Ce n'est pas depuis hier mais pratiquement depuis la décolonisation de 1960 qu'ils se battent pour l'indépendance de ce qui est bel et bien leur territoire. Sous nombre des précédents gouvernements de Bamako, les quelque un million cinq cent mille "peaux pâles" ont fait l'objet de véritables persécutions. Et le MNLA, mouvement National pour la Libération de l'Azawad, en liaison sans doute avec des groupes frères du Niger, d'Algérie et de Mauritanie se bat pour que le peuple touareg acquiert en plus d'une autonomie un véritable territoire indépendant. Certes toute guerre d'indépendance ne va pas sans excès. L'idéologie islamique radicale s'est emparée plus ou moins fortement des Touaregs d'Ansar Dine et elle était déjà celle de leurs alliés d'AQMI ou du MUJAO. Mais s'il existe de fortes nuances entre le radicalisme des uns et des autres, si les objectifs d'AQMI divergent dans le lointain avec ceux d'AansarDine, les bombes françaises ignorent autant celles-ci que ceux-là. Et les débris et les cadavres surtout semés dans le désert de l'Azawad contribuent à ruiner l'espoir de tout un peuple.
4-Une semence de haine raciale au Mali.
Les politiciens ont parfois l'art de faire de beaux discours avec des monstruosités atroces. La comparaison de Hollande assimilant le raid meurtrier des troupes françaises au Nord Mali avec l'aide qu'ont apportée les soldats maliens aux troupes de la France libre pour libérer le pays de l'envahisseur nazi est une de ces atrocités-là. Dans les FFL de Leclerc ou De Lattre, il y avait bien sûr des noirs du sud Mali mais aussi des Touaregs du nord. Or le parallélisme dressé par Hollande fait au moins envisager que les Touaregs d'aujourd'hui soient semblables aux nazis d'hier. Dans un pays où les couleurs de peau sont aussi contrastées que les conflits idéologiques sont puissants, qui ne voit à quelles dérives le parallèle conduit ?Amnesty vient de dénoncer dans son dernier rapport les abus qu'on avait déjà signalés : des hommes soupçonnés à cause de leurs vêtements et de leur visage d'être des djihadistes, molestés parfois, exécutés même. Les "peaux pâles" persécutés depuis plus de cinquante ans dans le Mali ne vont-ils pas voir leur situation devenir invivable même "protégés" par les soldats de Bamako ou les quatre mille tchadiens noirs débarqués en renfort ?
5-Des dommages graves à craindre pour les pays musulmans limitrophes.
Que des familles touareg en nombre fuient vers le Niger ou la Mauritanie pour trouver un asile dans les camps de réfugiés, que les combattants cherchent à gagner ces pays comme à trouver un refuge en Algérie ou en Lybie, ceci est la conséquence inéluctable de ce qui précède. Et cela ne peut qu'entraîner de lourdes charges, voire des menaces de déstabilisation sur tous les pays musulmans voisins. Un article du HuffingtonPost du 31 janvier pose nettement la question : "la guerre du Mali va-t-elle déstabiliser tout le Sahel ? "
Au Niger, Matthieu Pellerin gérant du CISCA (Centre d'intelligence Stratégique sur le Continent Africain) parle des ex-rebelles Touareg "très attentifs à l'évolution de la situation au Mali et qui voient d'un mauvais oeil la remontée de l'armée malienne et le déploiement de la Cédéao". Et il explique qu'il existe "des continuités familiales, tribales et idéologiques entre le Nord du Mali et le sud du Niger".
En Mauritanie le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz apparaît peu fragile mais les mises en garde de l'opposition comme des islamistes réunis au sein du parti Tawassoul pourraient être plus pressantes. Il faut aussi penser qu'une des "katibas" (groupe de combattants) d'AQMI compte de nombreux mauritaniens.
La Lybie est doublement sensible à l'évolution de la situation au Mali. D'une part parce que Khadafi avait fait appel pour sa défense à un régiment de Touaregs qui sont retournés au Mali après sa chute. D'autre part parce que des combattants d'AQMI au Mali sont venus aider les rebelle lybiens. Maintenant qu'un pouvoir à large composante islamiste s'est installé à Tripoli, que ceux qui ont combattu pour l'avénement de ce pouvoir ont souvent été les frères d'armes des islamistes du Nord Mali, la Lybie qui condamne l'intervention même si elle a des dirigeants redevables à la guerre de Sarkozy ne peut qu'évoluer vers une hostilité de plus en plus affirmée contre la guerre de Hollande.
C'est aussi certainement le cas de l'Algérie qui a été la première victime indirecte de l'intervention française avec la prise d'otages de Tiguentourine. Elle pourrait très bien envoyer à Hollande la facture pour le bain de sang forcé à la fin d'une confrontation avec l'activisme islamique qu'elle semblait ne plus devoir connaître. Jusqu'alors l'Algérie a toujours prôné la voie de la négociation politique et de la diplomatie pour le règlement de la crise malienne. L'idée qu'elle eût pu soutenir au départ l'intervention française au point de laisser survoler son sol par les Rafale pourrait être due à une manoeuvre machiavélique de Fabius comme l'explique Jeune Afriquele 21 janvier. Selon la revue, les quatre avions Rafale qui ont bombardé les alentours de Gao le 13 janvier 2013 sont en fait passés par le Maroc et non par l'Algérie. Et la déclaration de Fabius le même jour que ces avions auraient survolé l'Algérie avec l'aval des autorités algériennes serait donc un pur mensonge. Placé par Fabius dans une position des plus embarrassantes, le gouvernement algérien n'a pas pu ou pas osé démentir et s'est trouvé malgré lui engagé dans le soutien à une guerre qui ne peut que lui nuire et qui est condamnée par toute son opposition.
6-Une union sacrée contre la France ?
Il est vrai qu'il n'y a pas encore dans l'ensemble des pays africains du Nord et dans l'ensemble des pays musulmans moyen-orientaux une hostilité affichée contre la France. Mais tout se passe comme si ce qui est bien une attaque violente contre le peuple Touareg avait suscité un effet de crainte diffuse et un besoin pour les pays liés à l'Islam de resserrer les rangs. C'est du moins ainsi que j'interprète deux signes. Le premier est le report de la visite que Morsi devait faire à Hollande et la façon dont il a accueilli en l'embrassant Ahmadinejad au Caire à sa descente d'avion. Le second est la volonté très nouvelle de la part de l'opposition syrienne, jusque là très liée à la France, de rechercher un accord avec des représentants d'Assad. Le déchirement entre les sunites et les chiites qui ruine tous les efforts d'unité du monde arabo-musulman serait-il mis un temps entre parenthèses ? Cette nouvelle attaque lancée sur un pays musulman par les occidentaux après l'Afghanistan, l'Irak, le Pakistan, le Yemen, la Lybie serait-elle la goutte qui fait déborder le vase ? Le même proverbe à l'usage des Anglais évoque :"la paille de trop qui fait s'écrouler le chameau". Celui de Hollande en l'occurrence.
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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 11:08

Il est bien sûr impossible de faire le compte exact des victimes des bombardements français mais, en extrapolant les rares informations qui filtrent, on peut les estimer à au moins six ou sept dizaines par jour et penser qu'elles ont pu parfois dépasser les cents.

 

Le 12 janvier les bombardements très violents de Konna ont été suivis le 13 de raids aériens dans le Nord Mali qui ont peut-être été encore plus meurtriers.

 

Le 15 janvier c'est au tour de Tibbaly où plusieurs centaines de combattants islamistes sont présents de subir des frappes aériennes. Ensuite c'est Gao, Niono, Diré, Sévaré, Douentza qui sont exposées à des bombardements. Un camp d'AQMI où vraisemblablement se trouvent de centaines de djihadistes sera pilonné à Tombouctou. Et les bombardements ciblant des concentrations de combattants seront répétées.

 

Les derniers bombardements sur Kidal qui ont détruit la maison du chef d'Ansar Dine ont très probablement fait plus d'une centaine de victimes aux alentours.

 

Les rares témoignages sur les lieux bombardés font frémir. En particulier ceux sur la ville de Konna où des correspondants de guerre étrangers ont pu se rendre. Mauradou Bocaun écrit ainsi dans La voix de l'Amérique : "Konna est une ville cicatrisée, une ville martyrisée par les bombardements de l'aviation française."

 

Les civils n'ont pas été épargnés bien sûr par les bombardements. A Konna ils n'ont été pas moins de douze dont au moins deux femmes et trois enfants : Zeinab, 6 ans, Alean, 10 ans et Ali 11 ans. Ces chiffres tout à fait minimaux doivent au moins être multipliés par le nombre de villes bombardées depuis qui s'élèverait à dix. 120 morts de civils causées directement par les bombardements, voilà une estimation raisonnable mais très probablement à revoir à la hausse des femmes, enfants et vieillards massacrés au Mali par les bombes françaises.

 

Mais si les bombes sont un instrument de mort auquel les combattants musulmans comme les civils maliens ne peuvent échapper, si en plus elles produisent des blessures souvent atroces aux survivants des explosions, les victimes liées au conflit ne se trouvent pas que dans les bombardements. Des journalistes étrangers ont aussi rapporté les exécutions sommaires qui accompagnent la prise des lieux par l'armée gouvernementale. Certains ont été fusillés simplement parce qu'ils n'avaient pas de passeport. Le mot d'ordre de Hollande : "il faut détruire les terroristes" ne peut, on l'a dit, que produire des ravages dans une population traumatisée par le déchaînement de feu qui précède ou accompagne l'arrivée des troupes françaises et qui se trouve encadrée par une armée malienne mal formée, mal disciplinée, comprenant même des enfants soldats. En plus il faudrait aussi comptabiliser les morts de maladie et de malnutrition chez les plus de 400000 réfugiés qui ont fui les zones de combat, souvent à l'étranger et dans des camps de misère...

 

L'opération Serval à commencé alors que des négociations étaient engagées entre des représentant du pouvoir de Bamako, l'AQMI et le MNLA. Depuis de nouvelles demandes de négociations ont été faites par les rebelles. Mais les autorités françaises ne semblent pas vouloir plus les écouter qu'elles ne veulent compter les victimes de la violente invasion qu'elles ont lancée...

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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 11:06

Il est bien sûr impossible de faire le compte exact des victimes des bombardements français mais, en extrapolant les rares informations qui filtrent, on peut les estimer à au moins six ou sept dizaines par jour et penser qu'elles ont pu parfois dépasser les cents.

 

Le 12 janvier les bombardements très violents de Konna ont été suivis le 13 de raids aériens dans le Nord Mali qui ont peut-être été encore plus meurtriers.

 

Le 15 janvier c'est au tour de Tibbaly où plusieurs centaines de combattants islamistes sont présents de subir des frappes aériennes. Ensuite c'est Gao, Niono, Diré, Sévaré, Douentza qui sont exposées à des bombardements. Un camp d'AQMI où vraisemblablement se trouvent de centaines de djihadistes sera pilonné à Tombouctou. Et les bombardements ciblant des concentrations de combattants seront répétées.

 

Les derniers bombardements sur Kidal qui ont détruit la maison du chef d'Ansar Dine ont très probablement fait plus d'une centaine de victimes aux alentours.

 

Les rares témoignages sur les lieux bombardés font frémir. En particulier ceux sur la ville de Konna où des correspondants de guerre étrangers ont pu se rendre. Mauradou Bocaun écrit ainsi dans La voix de l'Amérique : "Konna est une ville cicatrisée, une ville martyrisée par les bombardements de l'aviation française."

 

Les civils n'ont pas été épargnés bien sûr par les bombardements. A Konna ils n'ont été pas moins de douze dont au moins deux femmes et trois enfants : Zeinab, 6 ans, Alean, 10 ans et Ali 11 ans. Ces chiffres tout à fait minimaux doivent au moins être multipliés par le nombre de villes bombardées depuis qui s'élèverait à dix. 120 morts de civils causées directement par les bombardements, voilà une estimation raisonnable mais très probablement à revoir à la hausse des femmes, enfants et vieillards massacrés au Mali par les bombes françaises.

 

Mais si les bombes sont un instrument de mort auquel les combattants musulmans comme les civils maliens ne peuvent échapper, si en plus elles produisent des blessures souvent atroces aux survivants des explosions, les victimes liées au conflit ne se trouvent pas que dans les bombardements. Des journalistes étrangers ont aussi rapporté les exécutions sommaires qui accompagnent la prise des lieux par l'armée gouvernementale. Certains ont été fusillés simplement parce qu'ils n'avaient pas de passeport. Le mot d'ordre de Hollande : "il faut détruire les terroristes" ne peut, on l'a dit, que produire des ravages dans une population traumatisée par le déchaînement de feu qui précède ou accompagne l'arrivée des troupes françaises et qui se trouve encadrée par une armée malienne mal formée, mal disciplinée, comprenant même des enfants soldats. En plus il faudrait aussi comptabiliser les morts de maladie et de malnutrition chez les plus de 400000 réfugiés qui ont fui les zones de combat, souvent à l'étranger et dans des camps de misère...

 

L'opération Serval à commencé alors que des négociations étaient engagées entre des représentant du pouvoir de Bamako, l'AQMI et le MNLA. Depuis de nouvelles demandes de négociations ont été faites par les rebelles. Mais les autorités françaises ne semblent pas vouloir plus les écouter qu'elles ne veulent compter les victimes de la violente invasion qu'elles ont lancée...

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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 10:12
Dans un temps où l'information nationale se veut toute au diapason d'un patriotisme guerrier, il faut écouter l'exposé méthodique, clair et pertinent du Belge Michel Colon. Et ceux qui continueront à soutenir l'intervention sauront au moins pourquoi ils le font.
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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 10:08
Entendre en 2013 un président français, socialiste de surcroît, lancer cette injonction :"il faut détruire les terroristes"  dans un pays aussi pauvre et fragile que le Mali, bouleversé par la guerre civile, où l'armée régulière est pratiquement livrée à elle-même, où l'armée française attaque partout sans but clair sinon de casser du rebelle, il y avait de quoi un petit peu se révolter !
Et s'inquiéter pas moins ! Un article du Monde.fr publié hier soir à 21h 13 ne peut que nourrir l'inquiétude. A Mopti, par exemple, c'est la chasse à l'homme. Un témoin affirme avoir vu un homme fusillé par l'armée au sein du camp. Des rumeurs font état de dizaines de cas de personnes emmenées dans le cimetière et tuées. La FDIH enquête notamment sur dix cas présumés, à Sévaré, un faubourg de la ville. Florent Geel, responsable du bureau Afrique de l'organisation, précise que la FIDH est "sûre à 100 % qu'une personne, accusée d'appartenance avec les groupes armés djihadistes et qui a pu être identifiée, a disparu."
Dans la population les dénonciations se multiplient aboutissant à des arrestations et des détentions sans contrôle de la FIDH  qui se voit interdite d'accès aux camps militaires, notamment au sein du quartier général de l'armée à Sévaré, lieu certain de détention de plusieurs personnes. A côté des dénonciations qui se multiplient et dont les conséquences peuvent faire tout craindre sans pouvoir être mesurées, le risque de représailles est grand "notamment envers les Touareg, qui ont été vus nombreux à quitter Tombouctou et Gao après le début de l'intervention française", s'alarme Florent Geel.
Arrestations arbitraires, exécutions sommaires, tortures sans doute, représailles sauvages : l'intervention française mal contrôlée, sans limites claires, soutenue par une armée locale qui ne pense qu'à la revanche contre les djihadistes ne peut que répercuter dans ses conséquences les plus extrêmes l'irresponsable consigne du président français.
Il serait grand temps qu'il parle un autre langage !
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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 10:06
Villepin a précisé pertinemment pourquoi cette guerre mal engagée est une mauvaise guerre. On voudrait rapidement évoquer en quoi l'espèce de propagande qu'on nous assène brasse les fausses raisons pour nous cacher la bonne.
 
La demande d'assistance d'un président ? Soit, mais quel président ? Un président, Dioncounda Traoré, désigné en avril mais par intérim dans un pays où le pouvoir a perdu après coup d'Etat toute légitimité démocratique.. Et comment justifier une attaque militaire pour répondre à la demande d'un chef d'Etat quand on a attaqué la Lybie pour évincer Khadafi qui en était le chef légitime et qu'on réclamait de faire la même chose en Syrie contre Assad ? On ne peut pas attaquer un pays en état de guerre civile un jour parce que les rebelles appellent à l'aide et l'autre parce que c'est le chef officiel (sinon légitime du moins légal).
 
La lutte contre Al Qaeda ? Là encore le prétexte apparaît curieux puisque les combattants d'AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique) qu'on attaque en force sont ceux-là même qui soutenaient ouvertement la rébellion lybienne. Mieux, comme Khadafi ne cessait de le clamer, des djihadistes d'Al Quaeda ont bel et bien combattu avec les opposants du colonel. Et ces islamistes-là participent maintenant au pouvoir en Lybie.
 
La sécurité des Français ? La guerre, présentée essentiellement comme un combat antiterroriste aurait pour objectif fondamental un renforcement de la sécurité des Français. Evidemment on a du mal à le montrer pour ce qui s'agit des sept otages d'ores et déjà sacrifiés. Mais on n'hésite pas à mettre cette raison en avant pour les 7000 ressortissants français résidents au Mali. Or, sauf à transformer l'attaque en guerre d'extermination contre tout ce qui ressemble là-bas à un djihadiste, on voit bien comment la guerre ne peut que fragiliser la sécurité des français présents. Pour l'immédiat et surtout pour le futur. Les attaques lourdement meurtrières de l'armée française (ce qu'on sait mais ne dit pas) ne peuvent que développer un esprit de vengeance chez les combattants islamistes. Pour ce qui est enfin de la sécurité des Français de métropole, la réponse se trouve directement dans le renforcement du plan Vigipirate. Si la guerre est là pour accroître la sécurité contre les menaces terroristes, pourquoi renforcer la prévention ici ?
 
Le combat contre un ordre islamique tyrannique au Mali ? Certes la loi que font régner les troupes d'AQMI au Mali révolte nos principes occidentaux et peut être considérée comme inacceptable à notre époque. Mais ce n'est pas en plaçant les tenants de cette loi comme les talibans en Afghanistan en position de défenseurs uniques du pays contre l'invasion d'une armée occidentale qu'on agira efficacement contre les abus des islamistes d'AQMI. Pas plus qu'on ne l'a fait en Afghanistan contre les talibans.
 
Toutes ces fausses raisons sont un rideau de fumée pour voiler la véritable. Et la véritable est la défense des intérêts économiques de la France et de l'Europe en crise. Il y a bel et bien un désir de renforcer la sécurité mais pas la sécurité de chaque français, la sécurité d'entreprises et de projets actuellement menés. Je n'en citerai que deux :
1-Un énorme projet d'installation de paneaux solaires géants appelé DESERTEC. Ce parc solaire qui fournirait à l'Europe une quantité d'électricité très appréciable doit être sécurisé.
2-L'investissement de 1,5 milliards d'euros d'AREVA pour la mine d'uranium d'Imouraren récemment créée au Niger et qui s'accompagne de la venue de centaines de Français et d'Européens pour fonder une véritable ville minière. La sécurité de ce projet impose bien entendu que le Mali reste étroitement sous contrôle occidental.
 
La guerre, moyen de lutter contre la crise en renforçant le pillage des ressources des peuples faibles... Sous les mirages de la propagande, rien de nouveau sous le soleil, fût-il du désert.
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