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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 15:15
 

Il y a un mois, personne ne doutait que Sarkozy allait perdre la présidentielle. Aujourd'hui ses perspectives de la gagner commencent à devenir réellement inquiétantes. C'est Mélenchon qui a changé la donne et, bien sûr, ceux qui le suivent.

 

Si jamais Mélenchon fait plus de voix que Hollande comme il en exprime plus que jamais la volonté, alors Sarkozy est élu avec entre 55 et 60 pour cent des voix. Il récupère non seulement toutes les voix de l'UMP et l'essentiel des voix du Front national mais presque toutes les voix de Bayrou. Et les plus modérés des socialistes risquent de s'abstenir.

 

Si Hollande arrive malgré tout en tête à gauche mais que Mélenchon fait un bon score, supérieur à 15 % des voix, alors Hollande est placé dans une position d'équilibre très périlleuse. Ou il refuse la négociation que réclamera peu ou prou le front de gauche par Mélenchon interposé et alors l'abstention à gauche a tout risque d'être suffisante pour permettre à Sarkozy de l'emporter. Ou il accepte de prendre de nouveaux engagements et c'est l'électorat de Bayrou qui s'abstient ou même se résigne à voter très majoritairement pour Sarkozy et lui donner la victoire. Evidemment on peut compter sur Sarkozy, ses habiletés manoeuvrières, sa façon de jouer avec les  promesses, les divisions et les peurs pour augmenter les chances que les seules réalités politiques lui donneront.

 

Le vote pour Hollande au premier tour n'est pas qu'un vote utile, c'est un vote indispensable si on ne veut pas de la réélection de Sarkozy.

 

Si l'on veut que Hollande fasse une réelle politique de gauche, ce sera au moment des législatives qu'il faudra voter en conséquence. Avant, c'est à dire le 22 avril, ça ne peut servir qu'à faire élire Sarkozy et donc à enterrer tout espoir à gauche.

 
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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 14:05

 

Une enseignante de Seine-Maritime vient d'être suspendue pour avoir demandé à ses élèves une minute de silence à la mémoire de Mohamed Merah. Certes l'initiative était discutable. Mais y a-t-il eu discussion ? Non ! la sentence a été immédiate sans qu'on laisse l'intéressée s'expliquer, justifier la raison de sa demande, la réflexion qu'elle voulait sans doute entamer avec sa classe à partir de là. Peut-être sur ces minutes de silence qu'on commande aux enfants depuis le 11 septembre 2001, sur leur sens unique et qui peut être un sens inique.

 

Le 11 mars, le sergent Robert Bales de l'armée américaine est entré l'arme au poing dans des maisons de villageois afghans. Il a tué dix sept personnes, pas sept, dix-sept, et des enfants là aussi, et des femmes. Le président de la république est-il descendu dans une école primaire pour dire à des bambins que Robert Bales était un monstre ? Quand des manifestations secouaient l'Afghanistan partout contre ce terrible crime de guerre, y a -t-il eu une minute de silence réclamée aux écoliers français ? Mais quoi ! me dira-t-on, c'est loin de nous, ça ne nous concerne pas vraiment ! Mais alors, si ça ne nous concerne pas, que font les militaires français là-bas ? Pourquoi sont-ils les compagnons d'armes des Robert Bales ? Pourquoi font-ils la même guerre, contre le même peuple en obéissant aux mêmes chefs ?

 

Robert Bales, un isolé ?  Le dix neuf septembre 2009, une unité des forces otaniennes arrive par avion près de la frontière pakistanaise, les militaires font sortir des maisons dix personnes, dont huit écoliers de 13 à 18 ans et les abattent sur place. Des étudiants manifestent dans plusieurs villes d'Afghanistan, brûlent des mannequins et des drapeaux pour protester. Et du silence ici ? Ah oui, du silence ! Du silence pour taire l'information, pas pour s'en émouvoir ! Et des silences de black out aussi sur tant de villages écrasés de bombes par bavure et dont on ressort femmes et enfants tués ou infirmes.

 

Du silence d'étouffement aussi, sur ce million de morts musulmans au moins par suite de l'invasion et occupation de l'Irak, sur ces plusieurs millions de blessés dont beaucoup condamnés à la mort lente après irradiation à l'uranium appauvri.

 

On n'étouffe pas la vérité tout le temps, partout. Les frères, les cousins, les copains, les jeunes coreligionnaires de Mohamed Merah finissent par la savoir sur le banc des écoles où on leur commande des minutes de silence toujours pour les mêmes victimes. Et jamais pour celles en qui ils peuvent reconnaître de lointains frères ou soeurs de foi, et donc de coeur.

 

Je veux bien qu'on condamne la minute de silence de l'enseignante de Rouen. Mais qu'on réfléchisse à deux fois avant d'en ordonner de futures aux gosses. On doit leur apprendre l'arithmétique aussi  et la distinction juste des poids et des mesures.

 

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 09:25

                  

 

Les primaires socialistes ont été  un incontestable succès. Elles ont captivé l'opinion, occupé les médias, mobilisé les militants socialistes et beaucoup de sympathisants pendant plus d'un mois. Il y a eu quatre grands débats télévisés, trois avec tous les candidats du premier tour et un face-à-face Hollande-Aubry particulièrement suivi.

 

Pour la première fois ces primaires étaient ouvertes. Tous ceux qui se reconnaissent de gauche pouvaient y participer. Et, de fait, la participation a été très forte. Près de trois millions d'électeurs hors d'une consultation électorale nationale et classique, c'est proprement inédit.

 

 Les échanges ont été vifs pendant la campagne d'alors. Dans le face-à-face du second tour, Martine Aubry a très fermement exigé que le candidat socialiste s'engage pour un réel changement, s'appuie fermement sur le "peuple de gauche", oeuvre réellement pour l'égalité comme la première secrétaire s'y est engagée en président à l'élaboration du programme socialiste.

 

Les électeurs ont tranché. Hollande a été désigné candidat socialiste non par l'appareil du parti, non même par ses militants mais par cette primaire ouverte à toute la gauche, dont il a désormais la tâche d'incarner l'espoir.

 

On aurait pu penser que, dans ces conditions, Jean-Luc Mélenchon renonçât à se présenter, que le mouvement très fort de réconciliation des socialistes après le rude débat qui venait d'avoir lieu ne fût pas gâché par la candidature d'un représentant du front de gauche très critique envers les socialistes et qui risquait de faire renaître la division dans le camp de l'alternance tant souhaitée. On aurait pu penser que le Front de Gauche eût mis son énergie, non pas à soutenir à fond Hollande dont le programme se distingue quand même passablement du sien, du moins à préparer les prochaines législatives qui, si Hollande est élu, vont être décisives pour l'orientation de son mandat.

 

Mélenchon s'est présenté, c'est un fait que je regrette mais dont je prends acte. Seulement attention ! Il y a eu un esprit des primaires qui a prévalu, c'était d'abord celui de ne jamais compromettre par des attaques internes à son camp, son unité et sa crédibilité vis-à-vis des Français. Nous savons la fragilité des sondages, la versatilité de l'opinion, la hargne de Sarkozy, son aptitude à faire feu de tout bois pour gagner des suffrages, à allécher par des promesses, à jouer avec la xénophobie, à mener des coups tordus, à profiter de tous les aléas, du fait divers à la crise internationale (qui peut être guerrière avec les menaces pesant sur l'Iran) pour se poser en père prodigue, justicier ou sauveur. Tout cela doit inciter à la retenue ceux qui, à gauche, voudraient gagner des voix en utilisant Hollande comme un punching ball. Mélenchon l'a fait et risque de le refaire. Je ne nie pas qu'il représente des gens exaspérés par la situation actuelle qui leur est faite, très incrédules sur les capacités du système à se réformer véritablement pour aboutir à une réelle justice. Je ne nie pas la colère sociale et la nécessité de changements radicaux. Mais je suis de ceux qui pensent que manquer le rendez-vous du six mai serait catastrophique, instaurerait une désespérance à tous risques face à un Sarkozy plus libre de tout abus que jamais.

 

Il en est, je le sais, qui disent que Mélenchon, par sa virulence contre le système, peut justement retenir ou ramener à gauche ceux que cette désespérance oriente vers l'extrême droite. Attention qu'il n'y ait pas cependant de concours de démagogie. D'autres disent que Mélenchon pourra pousser au vote ceux qui, désabusés, allaient s'abstenir. J'en conviens si l'on veut. Mais parcourant les articles, les billets, les blogues, je lis des phrases inquiétantes, comme celles de Yéti :"Le seul vote vraiment utile qui vaudra, ce sera Mélenchon au premier tour !...J'explique. J'irai pas voter pour votre Hollande au second tour. J'irai pas. Et je vous fiche mon billet que je ne serai pas le seul à gauche..." Ce sera la responsabilité de Mélenchon, non seulement de ne pas encourager implicitement une telle attitude en présentant de Hollande une caricature perpétuelle mais de la combattre clairement par avance. Si Hollande, comme je l'espère malgré tout, parvient au second tour, il ne faudra pas qu'il lui manque des voix à gauche comme il en a manqué à Jospin en 1995, en 2002 (si on peut dire !...) ou à Royal en 2007.

 

Bien sûr je ne demande pas à Mélenchon de faire l'accolade à Hollande au soir du premier tour comme Aubry l'a fait la nuit 16 octobre. Mais, même s'il n'a pas participé aux primaires, d'en retrouver l'esprit et de le garder... au moins jusqu'au 6 mai !

 

 

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 10:23


 

Hollande n'est pas trop mal placé dans les sondages actuellement. Il devance Sarkozy et surtout marine Le Pen qui arrive à la troisième place. Je pourrais donc me dire, moi qui ai voté Aubry à la primaire et qui ai beaucoup de sympathie pour le front de gauche, qu'il m'est loisible de voter Mélenchon par exemple.

 

Je ne le ferai pas.

 

D'abord parce que ce choix reste malgré tout risqué et que je ne veux à aucun prix de la réélection de Sarkozy qui gouvernerait alors sans frein réel un pays où il n'a cessé de multiplier les fractures sociales : riches-pauvres, patrons-employés, salariés-chômeurs, travailleurs du privé-fonctionnaires  et  même ethniques : français de souche- français d'autre origine. Un risque réel, oui. Même si la position de Hollande apparaît plus confortable que ne l'a jamais été celle de Jospin, un retournement est toujours possible. N'oublions pas qu'en 2002 la montée de l'extrême droite n'avait été perçue qu'in extremis par les sondages... quand ils n'étaient plus publiables ! Un deuxième tour Sarkozy-Le Pen serait cauchemardesque. Il faut le dire, il faut le répéter.

 

Ensuite ce vote à gauche pour autre que pour Hollande non seulement est risqué  mais il est vain. Mélenchon, le mieux placé après, n'a absolument pas la moindre chance d'arriver ou premier ou deuxième au premier tour, donc d'être présent au second. Voter Mélenchon ou s'abstenir, c'est la même chose, ça ne fait qu'empêcher de creuser l'écart décisif entre Hollande et Le Pen. Ca ne fait qu'empêcher Hollande d'avoir ce large score qui l'imposerait sûrement au second tour.

 

Risqué et vain, le vote Mélenchon est aussi inepte. Nous sommes sous la Cinquième république. Quels que soient les pouvoirs dévolus au président, c'est, selon la constitution, le "gouvernement qui détermine et conduit la politique de la nation".  Et le président de la république ne peut en fait -l'histoire récente l'a montré- que choisir ce gouvernement dans la majorité de l'assemblée nationale, puisque ce dernier a besoin d'un vote de confiance. Cette réalité est si patente qu'elle a conduit déjà à deux cohabitations. Si je veux montrer que je ne fais pas exactement (et c'est le moins qu'on puisse dire !) les mêmes choix politiques que François Hollande, alors j'en aurai  le loisir. Il me faudra seulement attendre jusqu'aux législatives et là, je pourrais vraiment choisir au premier tour de voter pour le candidat qui me représentera le mieux, sans doute un candidat du Front de Gauche. Là mon vote, conforme à mes convictions, ne sera ni risqué ni vain. Au contraire, il pourra contribuer d'une minime mais sûre façon à infléchir à gauche ou au moins à y maintenir la politique gouvernementale. Voter aux présidentielles comme aux législatives, ça n'a tout simplement pas de sens. Ou alors c'est inepte, pour ne pas dire autre chose !

 

L'adage qui prévalait naguère et que certains utiliseront sans doute pour justifier leur vote Mélenchon... ou Joly... ou extrême gauche le 22 avril : "au premier tour des présidentielles on choisit ;  au second, on élimine" témoigne au mieux d'une méconnaissance des institutions et de la constitution. La seule chose qui soit vraie est celle-ci :"aux législatives, on choisit ; aux présidentielles, on élimine". Et on commence au premier tour, si on est un tant soit peu de gauche, en votant Hollande.

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